Éthique et communication

Bien qu’à un moment non choisi, au milieu du brouhaha et des remous de la fausseté politique, le lancement de la revue « PAROLE PUBLIQUE » est une bonne occasion pour dénoncer les dérives catastrophiques de la com’ et des manipulations qu’elle fait fleurir dans la sphère des pouvoirs.

C’est donc aussi une occasion de renouveler un acte de foi dans une communication telle que la conçoit et veut la promouvoir l’association « Communication publique« , depuis près de 25 ans.

La communication des institutions publiques, pour laquelle nous militons, entend placer l’État de droit dans la transparence et le faire vivre dans une relation pérenne de confiance, certes difficile, avec des citoyens bien informés, plus écoutés et mieux associés aux fins et aux moyens de l’action publique.

Pourtant, avec cette ambition qui devrait aller de soi, la communication publique souffre gravement du voisinage irresponsable de la communication politique qui, au lieu de lui apporter le sens d’une démocratie représentative des attentes du peuple, se satisfait des modes promotionnels, manœuvriers et mensongers attachés à la seule conquête du pouvoir.

Car, au-delà de l’affichage, sautent aux yeux la vanité de ces conseils en publicité, cyniques, imbus d’être des spin doctors et salués comme des sorciers. Ils manifestent une impuissance durable à accompagner les acteurs publics dans l’exercice du pouvoir.

Tordre l’information, rassasier le téléspectateur de bonnes formules et le faire s’assoupir devant des story tailings, tel est le jeu d’une piètre communication politique, plus inspirée par « le viol des foules », dénoncé par Tchakhotine, que par le « dire la vérité », préconisé par PMF .

La parole publique s’est démonétisée par le mépris et le mensonge. Or son authenticité et sa modestie sont essentielles à une société civilisée, surtout en période de crise.

La référence à la communication du service public est utile. Elle a expérimenté les vertus de la mise à disposition des données publiques, de l’accès à l’information, de l’explication et de la discussion qui l’éclaire, de la consultation et de la concertation, du dialogue social et de la négociation, du débat public qui s’efforce d’associer les gens aux décisions qui façonnent leur quotidien, leur avenir et celui de la planète.

Le citoyen refuse de n’être qu’un consommateur de la chose publique. Il doit participer à la définition de l’offre politique. Sinon, tenu à l’écart, il met a priori en question l’efficacité et l’autorité des responsables politiques et aussi, intimement liées, leur éthique et leur communication.

* Conseiller d’État,
Président d’honneur fondateur de Communication publique,
Ancien président de la Commission Nationale du Débat Public.