A fronts renversés !
Nombre de téléspectateurs de BFM-TV, en soirée du dimanche 15 avril, n’ont pas perçu l’interrogatoire d’Emmanuel Macron, mené par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, comme un entretien avec le Président de la République. Ils ont assisté au spectacle d’une bataille mise en scène par et pour les journalistes, dont le questionnement musclé détournait l’attention des réponses, d’ailleurs souvent interrompues.
Plus que jamais, le message était ici le média. La forme occultait le fond. Jean-Jacques Bourdin affichait son désintérêt à l’égard d’un invité décidé à expliquer méthodiquement, à un très large public, les décisions prises et les projets en cours. Un climat orageux entravait la compréhension.
Les postures, que les professionnels des médias ont toujours voulu afficher, se sont inversées. Ils ont laissé à Emmanuel Macron, en Président pédagogue, le registre de l’information et ils se sont réservé pour eux celui de la com’… Ce registre simpliste caricature les débats contradictoires indispensables aux compromis que doit forger une démocratie. Que chacun s’en tienne à son rôle !
Les journalistes ont dépensé beaucoup d’énergie à stigmatiser toute communication, étiquetée propagande et manipulations. Ils ont été sourds aux efforts – certes insuffisants – de l’État de droit à mettre les données publiques à la disposition des gens, à dialoguer avec eux et à les associer en ouvrant le débat. À juste titre, ils dénoncent la communication politique en tant qu’elle se borne à un marketing électoral des électeurs, traités en consommateurs. On écarte la participation citoyenne de l’élaboration de l’offre politique.
La médiatisation, audiovisuelle ou par les réseaux numériques, de toute information, ainsi que les déviances de l’instantanéité, de la personnalisation et du mélange des genres, compliquent la tache des pouvoirs de communiquer avec une société complexe et fragmentée.
Pourtant, il n’est peut-être pas trop utopique d’escompter, peu à peu, par petites touches, des progrès dans les règles du vivre ensemble ou de la démocratie et, forcément en même temps, des évolutions pour une autre communication politique (www.pouruneautrecommunicationpolitique.com).
Un défi culturel !