Démocraties… border line

L’un après l’autre, des dirigeants de démocraties voient leur légitimité remise en cause par la crise des dettes souveraines et les menaces de récession. Après 2008, le tiers des chefs de gouvernement des 27 pays de l’Union ont été remerciés. Car, on attend en vain des décisions pertinentes à la fois immédiates et pour l’avenir.

Pas de réponses aux protestations contre les dégâts de l’irresponsabilité financière mondiale, ni aux indignations devant les aggravations de la pauvreté et de l’exclusion, ni aux contestations populaires des mesures douloureuses, incomplètes et injustes, adoptées sans consultation. Seules sont entendues, pour établir la crédibilité du politique, les fluctuations des marchés financiers et les appréciations des agences de notation.

Pannes de communication ou impuissances de nos démocraties, empêtrées pour réagir et sourdes aux volontés du peuple ? Un tel terreau a pu être fertile pour la dictature et la démagogie. N’est-il pas temps de donner un peu plus la parole au peuple ?

On voudrait voir éclore, puis fleurir à l’échelle de la planète, des gouvernances aptes à dialoguer avec les citoyens pour rechercher des modes de développement autres que le tout croissance, y compris des inégalités et autres que le tout consommation, y compris des énergies non renouvelables.

Tolérer, selon l’avancement de l’économie d’un pays, une croissance réduite, des investissements à long terme destinés à reconvertir les voies d’utilisation des ressources naturelles, brider les mouvements financiers pour éradiquer les tentations spéculatives : cela nécessite un large et raisonnable appui populaire.

Est-ce utopique ? Oui, sauf si on parie avec les citoyens. Si la communication est faite de véritables échanges d’informations et de discussion. Si la concertation et le débat public deviennent la voie patiente et sereine qui privilégie la pédagogie et écarte la démagogie. Si on ne propose un référendum qu’après une longue et complète information, accompagnée de larges débats.

Une démocratie ne peut survivre, surtout en période de crise, qu’en recourant à des pratiques participatives. Associer les citoyens, c’est reconnaître une évidence que les gouvernants ne sont pas des supermen omniscients, capables de sortir des solutions magiques de leur chapeau.

C’est par la capacité à mettre les problèmes sur la place publique, par l’autorité à avancer quelques certitudes et à choisir les chemins qui dissiperont les doutes, que les politiques pourront renforcer leur crédibilité et leur légitimité.
Nous allons bien voir si le style des consultations électorales, à venir dans quelques pays, change dans ce sens. Et si, face aux égoïsmes peu soucieux des intérêts collectifs ou de l’avenir de la planète, les acteurs publics, qui sollicitent d’exercer le pouvoir, vont enfin sortir leurs actions d’un pusillanime isolement.