Bulletin de santé de la démocratie

Des primaires, des pré-campagnes, des annonces de programmes, des opinions sondées et re-sondées, des stop and go et des shows médiatiques, et des campagnes, puis quatre dimanches électoraux … on doit reconnaître que la démocratie est vivante. Sort-elle gagnante de cette relation intense, parfois insistante, entre le peuple et sa classe politique ? Tire-t-elle bénéfice des facilités promotionnelles prises pour la conquête des pouvoirs ? Ou bien se promet-elle d’associer plus sérieusement les citoyens aux grandeurs et aux servitudes de l’exercice du pouvoir ?

Certains, comme Alain Minc, politologue « par effraction », se satisferaient d’une parodie de démocratie, mitonnée dans la confrontation de quelques experts et sous l’arbitrage des médias et des sondages. C’est le parti-pris envahissant de la démocratie d’opinion, cette démocratie au rabais à l’usage d’un peuple qui ne saurait pas vraiment comment se faire représenter. C’est aussi l’acceptation élitiste du mélange des genres et des intérêts par le cumul des mandats et des fonctions. C’est un prétexte donné à l’abstention, la porte ouverte à la démagogie, à la politique spectacle, à la peopolisation, aux canulars des réseaux numériques et à des tweets déplacés.

Je l’ai souvent regretté dans Humeur blogueuse et récemment écrit sur le Cercle Les Echos : la régression de la communication politique entache les meilleures intentions de la démocratie.

Alors, en face, il y a le pari d’une démocratie plus participative, d’un débat public ouvert à la vérité dite sur la complexité des choses et porteur d’échanges approfondis sur les choix essentiels ou sur l’art de conduire les institutions.

En écoutant les attentes qui traversent la société, ainsi qu’en prenant en compte l’expertise d’usage des gouvernés, les partis politiques et les élus ont à cultiver une relation à la fois authentique et pérenne avec ceux qui ne sont pris en considération qu’aux moments des élections.
Que des sollicitations permanentes de la lucidité des gens et de l’intelligence collective viennent vivifier la démocratie !