La communication peut-elle se substituer à la politique ?

Christiane Taubira « claque la porte du gouvernement ». Geste d’une grande force symbolique, car la communication a l’authenticité du motif affiché d’un « désaccord politique majeur ».

Là, politique et communication se trouvent intimement liées.

Il n’en va plus de même lorsque quelques opinions frondeuses s’emballent sur la posture d’une candidature présidentielle de la Garde des Sceaux qui, durant quatre années, a porté les projets de loi les plus emblématiques de François Hollande et qui insiste sur sa loyauté.

Ici, la tentation d’un coup de com’ ne prend pas sa source dans une réalité politique.

Souvenons-nous de la démission du gouvernement de Michel Rocard, le 5 avril 1985. Les effets se sont limités à mettre en avant, comme pour Christiane Taubira, une détermination des convictions. Si l’image de présidentiable de Michel Rocard, entretenue depuis plus de dix ans, s’est renforcée, sa candidature virtuelle n’en a pas tiré de bénéfice immédiat.

La com’ promotionnelle réductrice et spectaculaire nous fait confondre à tort des manifestations simplistes de l’opinion et les subtilités des adhésions progressives de la société.

Souvenons-nous encore, la campagne de 1er tour de Lionel Jospin en mai 2002 et ce néo-marketing d’opinion, obnubilé par le second tour, qui écartait d’écouter, dans un dialogue plus civique, les attentes profondes de la société.

L’actualité nous propose un autre questionnement. Même sur un champ politique en ruine, peut-on faire, pour Emmanuel Macron, le pari que bonne opinion et côte élevée dans les sondages dispensent de creuser patiemment un sillon politique dans la mémoire collective.

Et méditons que, plus encore qu’à l’époque de Pierre Mendès France, un grave déficit de la démocratie réside dans l’inaptitude politique à associer durablement les citoyens à l’exercice du pouvoir.

Surtout en temps de crise.