La com’ marque des points

Humble en diffusant ce « Cahier »  www.pouruneautrecommunicationpolitique.com (un manifeste, des préconisations et commentaires d’une centaine de personnalités, une liste de 165 recommandations), je persiste à tenter le pari que la démocratie doit pouvoir aller vers d’autres manières de la politique et de sa communication.

N’est-il pas possible de mettre à disposition du public une information, tout autant empathique que critique, d’expliquer l’action publique complètement, en dire les obstacles et en discuter les objectifs, de trouver, en quête des meilleurs compromis possibles, les voies de la  concertation avec la société ?

Emmanuel Macron a, dans sa conquête du pouvoir, affiché vouloir suivre de nouvelles pistes, mais sans s’abstenir des facilités inhérentes à la Vème République, d’une communication impérieuse et vraiment peu bottom up, au risque de mal écouter les gens et de ne pas parler de leurs préoccupations avec leurs mots.

Le Président, en prenant la liberté d’un adjectif ambivalent ou d’une formule de connivence populaire, s’est risqué à vouloir faire sourire pour alléger l’atmosphère dans des situations délicates. N’a-t-il pas offert à ses adversaires politiques le loisir – car ils s’en amusent de manière disproportionnée – de dénoncer ses propos en les disant grinçants ou méprisants ?

Un inopiné  glissement de registre, qui pour le pouvoir a un avantage et deux inconvénients !

D’abord, pendant que se développent des critiques acerbes et superficielles, le fond de la question, les contenus du discours ou les orientations politiques sont occultés aux yeux des opposants. A l’actif du bilan, la com’ réductrice détourne les attentions malveillantes.

En revanche, Emmanuel Macron est ainsi amené à tourner le dos aux efforts méritoires qu’il fait dans un long discours, en vue d’expliquer profondément une réforme, ses difficultés, sa nécessité. Serait-ce, entre autres, une menace de rechute dans un « ancien monde » ?

Favoriser ainsi la com’ conduit à privilégier la forme sur le fond, le bruit politicien sur le sens de l’action menée. Or, on ne doit pas réduire le débat public, plus que jamais nécessaire pour associer les citoyens à la conduite des affaires de leur pays dans un monde difficile.

L’élection d’Emmanuel Macron apportait un peu d’espoir à ceux qui voulaient voir les pratiques de la politique évoluer vers une parole publique plus authentique et vers de meilleures relations de confiance à l’égard des pouvoirs.

Donc vers une autre communication durablement authentique : à voir plus sérieusement et à suivre !